Laurel et Hardy ne sont pas les premières stars du cinéma à être immortalisées par un biopic. En la matière le pire côtoyant le meilleur, la partie n’était pas gagnée d’avance. Les esprits un peu chagrins pourront d’ailleurs de bon droit arguer que le film a un peu des airs de téléfilm, sage et pédago, qui ne rend formellement pas vraiment compte de la folie qui pouvait irriguer les films du duo.
Mais il faut quand même tempérer cette réserve. D’une part parce que tous les films où apparaissent les deux comiques ne sont pas des chefs d’œuvre, loin de là (la fin de leur carrière est parfois pitoyable, cf Atoll K, du Français Léo JOANNON). Mais surtout parce que les auteurs du film ont eu à cœur de dépeindre les derniers moments des deux hommes, alors qu’ils effectuent une tournée théâtrale en Angleterre, en continuant à rêver à de nouveaux projets cinématographiques (qui jamais ne verront le jour). Ce chant du cygne à la poursuite d’un passé qui ne se laisse pas rattraper est ainsi pétri d’une émotion véritable qui nous va droit au cœur. D’autant mieux que les deux comédiens qui prêtent leurs traits à Stan et Oliver (Steve COOGAN et John C. REILLEY) sont absolument excellents.
Ils ne cherchent aucunement à singer leurs modèles, insistant sur leur gestuelle d’artiste (Stan se grattant la tête, Oliver tortillant sa cravate) pour mieux les dépeindre dans l’intimité, profondément humains. Et sans rien dissimuler de certaines manœuvres de LAUREL (qui clairement tenait le gouvernail) à l’égard de son alter ego. Nous avions vu les deux héros maintes fois en ménage dans leurs films. Mais nous ne savions rien (ou si peu) de leurs couples à la ville. Un autre sujet que le film éclaire avec intelligence, l’attachement des deux épouses à leur chers et tendres n’étant pas taillé dans la même étoffe…
Critique de Yves ALION
Stan and Ollie. Film anglo-américain de Jon S. BAIRD (2018), avec John C. REILLEY, Steve COOGAN, Shirley HENDERSON. 1h37.