Le roman d’Hector MALOT Sans famille a déjà inspiré le cinéma à plusieurs reprises, la dernière pour le cinéma, en France, datant d’il y a soixante ans, la plus ancienne de… 1913 ! Ce gamin enlevé à sa mère adoptive par un musicien ambulant qui va l’aider à retrouver ses parents biologiques a en effet tout ce qu’il faut pour faire pleurer dans les chaumières, à la manière des classiques de Charles DICKENS, des Deux orphelines d’Adolphe D’ENNERY et Eugène CORMON ou des Misérables de Victor HUGO. À cette nuance près que le jeune public d’aujourd’hui, auquel s’adresse le film d’Antoine BLOSSIER, possède une culture de l’image davantage que des mots qui va des jeux vidéo à la réalité virtuelle en passant par les innombrables facettes d’Internet. Sur le plan commercial, la seule raison qui a pu présider à un tel projet est de surfer sur le succès de la trilogie inspirée par Belle et Sébastien (six millions et demi d’entrées en trois films). Dès lors, c’est parier sur la volonté des grands parents et des parents de transmettre un plaisir suranné à leurs descendants. Reste que le curseur de l’innocence et de la crédulité s’est singulièrement déplacé au cours des dernières décennies et que ce public-là est devenu particulièrement exigeant, pour ne pas dire blasé. Est-ce pour cela que la mise en scène est aussi plate et les acteurs aussi mal dirigés ? Du coup, malgré les efforts louables de Daniel AUTEUIL et de son jeune partenaire pour sauver ce qui peut l’être, ce film semble hors d’âge.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français d’Antoine BLOSSIER (2018), avec Daniel AUTEUIL, Maleaume PAQUIN, Virginie LEDOYEN. 1h49.