Après un film autobiographique fort réussi, Nous trois ou rien (2015), KHEIRON persiste et signe sur le registre de la comédie qui l’a fait roi du seul-en-scène interactif en utilisant son public comme partenaire dynamique. Ses Mauvaises Herbes, ce sont des adolescents déscolarisés qu’un animateur de quartier plein de bonnes intentions jette entre les pattes d’un brave gars qui n’a que la tête de l’emploi et du bon sens à revendre. Au contact de ce garçon qui devient pour eux une sorte de grand frère, ces gamins paumés vont évidemment prendre confiance en eux-mêmes et trouver un nouveau sens à leur vie. La singularité de KHEIRON réside dans son optimisme à toute épreuve. Pas question pour lui de se lamenter sur le sort de ses protagonistes en dénonçant une quelconque fatalité sociale. Le conteur se révèle en adéquation parfaite avec le personnage qu’il incarne. Certes, il est un peu filou, mais finalement pas davantage que sa vieille copine (Catherine DENEUVE) passée experte dans le pillage de caddies ou son patron (André DUSSOLLIER) dont la candeur désarmante n’est que le signe extérieur d’un altruisme sincère. KHEIRON trimballe en outre avec lui une identité de migrant à géométrie variable. Né iranien dans son premier film comme dans la vie, il devient rescapé d’un orphelinat libanais dans le deuxième. Comme pour nous dire que l’éternel déraciné se place toujours en première ligne pour aider ses compagnons d’infortune à s’intégrer dans une société française un rien dépassée.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français de KHEIRON (2018), avec KHEIRON, Catherine DENEUVE, André DUSSOLLIER. 1h40.