Avec Le Poulain, Mathieu SAPIN fait ses débuts au cinéma. Mais ce n’est pas pour autant un inconnu : dessinateur de bandes dessinées, il s’est fait un petit nom au fil des années dans le domaine pourtant concurrentiel du 9ème Art. Son chef d’œuvre : le journal dessiné des hauts et des bas de Gérard DEPARDIEU, qu’il a suivi comme son ombre pendant des mois. Auparavant il avait chroniqué la campagne électorale de François Hollande en 2012. Il n’est pas douteux que les coulisses de cette conquête du pouvoir l’ont largement inspiré pour son premier film, qui braque les projecteurs sur les communicants et autres experts en marketing politique qui font et défont les rois. Alexandra LAMY est absolument épatante en arriviste dont les dents rayent le parquet, et Finnegan OLDFIELD n’est pas mal non plus dans la peau du « poulain » dont les ambitions gonflent au fur et à mesure que le film avance. Il y a du Balzac dans ce tableau au vitriol des mœurs politiques. Ou plutôt il y aurait du Balzac si Sapin faisait réellement preuve de férocité. Ne sont pas Mocky ou Chabrol qui veulent. Ce qui n’ôte rien à la qualité de l’écriture du nouveau cinéaste ni à la subtilité de son ironie. Au final, le bilan reste très largement positif, comme disait feu Georges Marchais. Et le film n’a pas à rougir de la comparaison avec la très belle série initiée par Frédéric TELLIER qui déjà s’intéressait aux communicants, Les Hommes de l’ombre.
Critique de Yves ALION
Film français de Mathieu SAPIN (2018), avec Alexandra LAMY, Finnegan OLDFIELD, Gilles COHEN. 1h37.