Deuxième long métrage d’un cinéaste starifié (à juste titre) dans le milieu du court pour ses excellents courts métrages, Alice et le Maire voit Nicolas PARISER tenter de partir à l’assaut d’un grand public qui l’avait un peu boudé lors du premier long, Le Grand Jeu. Une star populaire et assise (Fabrice LUCHINI), une en pleine ascension (Anaïs DEMOUSTIER) : des signes qui ne trompent pas. Mais dès les premiers plans sur LUCHINI, traversant le conseil municipal en serrant laconiquement des mains, on ne peut se méprendre : le comédien joue un rôle, au lieu de vendre sa diction et sa présence, ce qu’il fit souvent ces derniers temps. LUCHINI l’acteur, non la star, est de retour, illustrant la tenue d’un film maitrisé jusqu’au bout. En contant une amitié professionnelle entre un politique au bord (du triomphe ou de la retraite) et une jeune femme ambitieuse mais idéaliste, PARISER filme une parole libre et vive, qui s’insinue entre les personnages en constituant l’enjeu central de l’œuvre. Car parler, parvenir à exprimer des idées ou leur réalisation, est bien l’activité centrale de tous les protagonistes. Cette mise en scène des mots porte un récit qui ne gâche rien des petites ambitions et mesquineries du milieu politique, mais se permet aussi de porter ses plus hautes débats : à quoi sert la politique, à quoi sert l’engagement, et même à quoi peut servir la vie d’un homme, et d’une femme ? Un vrai film politique, et donc humain.
Critique de Pierre-Simon GUTMAN
Alice et le maire. Film français de Nicolas PARISER, avec Fabrice LUCHINI, Anaïs DEMOUSTIER, Nora HAMZAWI. 1h43.