30 septembre 2019

Ceux qui travaillent d’Antoine RUSSBACH

Parce qu’il a dû résoudre une situation de crise survenue au bout du monde, à bord d’un cargo affrété par la compagnie maritime pour laquelle il s’est toujours dépensé sans compter, un cadre supérieur au-dessus de tout soupçon se voit licencié par sa direction qui lui impute une faute professionnelle. Son sort personnel l’incite à réfléchir sur l’absurdité de ce monde sans pitié qui l’a contraint à prendre des décisions parfois lourdes de conséquences. L’univers que décrit Antoine RUSSBACH est réel mais particulièrement absurde, dans la mesure où il repose sur un environnement virtuel et dématérialisé dont le mode de fonctionnement s’apparente à celui d’un jeu vidéo. La spécificité de Ceux qui travaillent consiste à pointer du doigt une société orwellienne où certains donneurs d’ordre se trouvent dans l’incapacité de mesurer les conséquences de leurs actes. La démarche du père de famille campé par Oliver GOURMET est d’autant plus atypique que pour se reconstruire, il éprouve la nécessité d’aller voir ce qu’on lui a toujours dissimulé par commodité. Une confrontation déterminante qui va aider cet homme en crise considéré comme un professionnel aguerri à prendre conscience de la véritable portée de ses actes et à réaliser combien son assujettissement à une puissance économique totalement déshumanisée l’a coupé de la réalité mais aussi de son idéalisme. Difficile de rester insensible à ce pamphlet magistral qui résonne comme une mise en garde contre les ravages d’un monde virtuel.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Ceux qui travaillent. Film helvéto-belge d’Antoine RUSSBACH (2018), avec Olivier GOURMET, Adèle BOCHATAY, Louka MINNELLA. 1h42.


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