Finalement, c’est dans ce second opus que se paie le prix des choix du premier. En effet, les producteurs avaient, dès les premières étapes de la conception, l’idée de transformer l’épais pavé de King (et le fidèle téléfilm à succès ayant suivi) en séparant, en deux parties distinctes, l’enfance et l’âge adulte. Une décision qui avait provoqué la stupeur de cinéastes comme Alexandre AJA, pour qui le cœur même du récit est dans le parallélisme permanent entre l’enfance (ses traumatismes refoulés, ses amis oubliés) et la maturité des personnages. Une réserve vite balayée par le premier Ça. En transformant le film en hommage horrifique à un certain cinéma des années 1980 (Les Goonies, Stand By Me), le long métrage avait trouvé sa voie, et son public, tombant dans une union d’esprit avec le grand succès Netflix du moment, Stranger Things, construit sur des références similaires, et partageant même un comédien. Mais voici l’addition : la deuxième partie du récit n’est qu’une redite allongée de la première, ce qui est normal puisque, dans le roman, les événements se déroulaient, pour les deux époques, au même moment pour le lecteur. Ça chapitre 2 est une œuvre comme vidée, ayant du mal à trouver une identité visuelle, si clairement formulée dans le chapitre 1, et épuisant vite ses thèmes (les démons de l’enfance, les peurs jamais balayées). Le résultat semble redondant, un comble pour une fausse suite qui a toujours, organiquement, fait partie de l’histoire et du projet. Reste quelques moments effrayants, trop de numérique, des bons acteurs, et un sens du mélo enfin embrassé à la fin indiquant la voie qui aurait peut-être abouti à quelque chose.
Critique de Pierre-Simon GUTMAN
It, Chapter 2. Film américain d’Andy MUSCHIETTI (2019), avec James McAVOY, Jessica CHASTAIN, Bill SKARSGARD. 2h50.