David GRIECO fut l’assistant de PASOLINI. L’un des premiers à arriver sur les lieux du crime en novembre 1975, il était aux côtés de l’avocat de la famille. pendant le procès du prétendu assassin, Il a réalisé son film quarante ans plus tard, après avoir renoncé à collaborer au scénario du Pasolini d’Abel FERRARA. Il voulait montrer le complot dans son détail, au contraire du cinéaste américain pour qui l’évidence du complot le dispensait de le montrer sur l’écran. Le film de GRIECO accorde beaucoup d’importance par conséquent aux voyous, des plus minables aux plus puissants, qui jouèrent un rôle dans la conjuration contre le poète. Il ne néglige pas pour autant sa pensée politique radicale, son intimité familiale, amicale, son chemin déterminé, sans peur, dans un travail sur la vérité dont il savait bien qu’il pouvait être mortel. C’est Massimo RANIERI qui l’incarne. Le poète lui-même avait reconnu devant lui combien ils se ressemblaient physiquement. Ce film et celui du cinéaste américain, sont des pièces qui s’ajoutent, sans se contredire vraiment, au dialogue incessant du cinéma avec l’un de ses plus grands créateurs. Comme elles dialoguent avec Pasolini, mort d’un poète de Marco Tullio GIORDANA (1995) et d’autres tentatives cinématographiques restées confidentielles. La vie, puis la mort du cinéaste sont au cœur de l’Italie depuis les années cinquante du dernier siècle, jusqu’aux derniers événements d’aujourd’hui. Événements presque apocalyptiques, que le poète avait prévus dans le détail, comme le montre une belle scène hallucinatoire du film de GRIECO. Un film indispensable de plus sur cette « affaire » qui ne cesse d’obséder nos consciences.
Critique de René MARX
La Macchinazione. Film franco-italien de David GRIECO (2015), avec Massimo RANIERI, Roberto CITRAN, Milena VUKOTIC, Libero DE RIENZO. 1h43.